L'Intrusion de la Vie Naturelle dans le Service de Dieu

par T. Austin-Sparks

Publié pour la première fois dans le magazine « A Witness and A Testimony », mars-avril 1948, vol. 26-2. Extrait de « Dieu A Parlé » - Chapitre 7. Source : The Intrusion of Natural Life in the Service of God. (Traduit par Paul Armand Menye).

Nous nous sommes efforcés de montrer que le christianisme est devenu en grande partie un autre judaïsme, un système extérieur et une tradition historique. Mais il est devenu plus que cela. Dans ses principes, ses méthodes et ses moyens, il s'est largement conformé à ce monde ou à cette époque. Si nous voulions traiter des aspects négatifs ou défectueux des choses, il ne serait pas difficile d'écrire des chapitres entiers sur les faiblesses du christianisme organisé actuel ; mais nous préférons consacrer notre temps et notre espace à des considérations positives.

Appelons toutefois nos frères dans la responsabilité à réfléchir à nouveau et sérieusement devant le Seigneur sur la véritable nature et l'origine d'une grande partie de ce qui constitue les moyens de propagande et de publicité de l'œuvre de Dieu. Tenons compte de choses telles que l'importance accordée aux honneurs humains, à la gloire, aux titres, à la réputation, aux distinctions. Que des hommes aient acquis ou reçu ces choses dans divers domaines de la vie - politique, philanthropie, industrie, aventure, guerre, sport, divertissement, science, art ou éducation - peut être tout à fait acceptable en soi, mais que ces choses soient si largement utilisées comme argument d'appel peut simplement signifier que le Christ n'est pas suffisant par ses propres mérites, mais doit être entouré de ces embellissements naturels. Le Christ doit-il être recommandé ou ses serviteurs acceptés en raison d'une association humaine du mot « grand » dans un contexte terrestre ?

Encore une fois, soyons très prudents, dans le même but, face à l'empiètement du divertissement dans le service sacré. « Les amoureux du plaisir » sont une caractéristique de la fin des temps, et notre époque court à toute allure vers cela. Faut-il suivre l'époque pour attirer ? L'efficacité et l'attrait de l'Évangile dépendent-ils de ce « maquillage » ?

Encore une fois, veillons à ne pas nous laisser emporter par l'illusion de la grandeur. Beaucoup d'instruments de Dieu, personnels ou collectifs, autrefois puissants, ont perdu leur valeur spirituelle et leur impact lorsqu'ils sont devenus grands ou populaires. Il y a un piège satanique dans la grandeur, et cette illusion peut nous faire perdre notre capacité même de voir où Dieu accomplit Son travail le plus profond, et comment. Souvent, le travail le plus authentique de Dieu est caché. Il devient difficile, voire impossible, pour de nombreux serviteurs de Dieu de croire ou de comprendre que quelque chose de vraiment important puisse être accompli si ce n'est pas bien connu et sous les yeux du public.

Lorsque David a mis l'Arche sur un char neuf et que les choses ont évolué jusqu'à aboutir à une impasse ignominieuse et tragique, ce n'était pas dû à un manque de sincérité, de dévouement, de zèle, d'énergie ou de sincérité, mais parce qu'il avait inconsciemment puisé dans son subconscient une idée et une méthode qui provenaient des devins philistins. Ces devins avaient autrefois mis l'Arche sur un char neuf pour la renvoyer en Israël. David s'était enfui dans un moment de faiblesse pour s'établir dans le pays des Philistins et avait été contaminé par les méthodes et les moyens de ce monde. Lorsque Dieu frappa Uzza de mort devant le Seigneur, cela aurait été trop dur et trop sévère, compte tenu du zèle pour le Seigneur, s'il n'y avait pas eu un facteur supplémentaire. Ce facteur était la main d'un autre système spirituel derrière « ce monde mauvais » dont les devins étaient les représentants et les serviteurs et que Dieu avait déjà frappé et maudit. Il n'y avait aucune raison pour qu'Uzza soit épargné et les Philistins détruits si le même facteur était présent dans les deux cas.

Aucun zèle ne peut nous sauver en fin de compte si les principes sont faux. Mais remarquez comme tout cela était subtil. Il n'y avait pas la moindre idée que les choses étaient fondamentalement mauvaises. L'idée de ramener l'Arche (le Témoignage) à sa place légitime et complète était juste et conforme à la pensée de Dieu. Le sérieux et la sincérité ne laissaient rien à désirer. Le motif et la passion étaient tout à fait louables. Mais quelque part, d'une manière ou d'une autre, l'Antéchrist (en principe) était caché dans la constitution des choses, dans l'énergie de la chair, dans la vie de l'âme animée ou dirigée par ce qui n'était pas l'Esprit de Dieu.

Si l'âme, qui est le côté naturel de l'être humain, prédomine sur l'un ou l'ensemble de ses aspects, intellectuel, émotionnel ou volitif, alors la porte est grande ouverte à la tromperie ; et la tromperie, étant ce qu'elle est, ne signifie pas qu'il n'y a pas de zèle pour Dieu, mais plutôt que c'est un zèle qui n'est pas conforme à la connaissance. Ce n'est que lorsque l'enfant de Dieu vit dans le Saint-Esprit et est gouverné par lui à travers son esprit renouvelé, et non d'abord par son âme, qu'il prend conscience des « choses qui diffèrent », même dans son service pour Dieu.
David a finalement compris ce que le Saint-Esprit avait indiqué dans les Écritures concernant les principes de service de Dieu, et il a découvert par une expérience tragique que les principes spirituels sont plus importants que le zèle et l'énergie, bien que ces derniers ne soient pas moins importants lorsque la base véritable est établie. Satan est très subtil et s'emparera de notre zèle pour Dieu si cela lui permet finalement d'apporter la honte et le déshonneur au témoignage de Dieu.

Dieu voit clair dans son jeu et nous met en garde contre cela. Le problème est que, comme dans le cas de David, l'élan et l'abandon associés à une grande idée pour Dieu prennent le pas sur l'attente tranquille de Dieu et la recherche de Sa volonté quant aux moyens et aux méthodes à employer. Le moment où le désastre frappe ceux qui s'engagent sincèrement pour Dieu est celui où ils ne laissent pas de temps pour le détachement tranquille, pour l'attente sans précipitation de Dieu. Il peut y avoir de la prière, mais c'est une prière motivée par le travail, et non l'inverse. La question est la suivante : avez-vous obtenu cette méthode, ce moyen, ce programme dans le lieu secret avec Dieu, directement de Lui ? Avez-vous tout remis en place jusqu'à ce que toute la chaleur et la précipitation aient été soumises au jugement du Saint-Esprit ? Ou bien continuez-vous simplement parce que c'est pour le Seigneur ?

Pourquoi le jugement doit-il commencer par la maison de Dieu ? Cela ne peut être en raison d'un degré plus ou moins grand de bonté ou de zèle chrétien. Il doit y avoir quelque chose de plus que cela !